Electrocompaniet ECI-6 mk2 : mes impressions

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Bon, vous l’avez compris, s’il y a un article, c’est que cet appareil m’a beaucoup plu ! Electrocompaniet est une marque relativement peu connue en France, bien que créée il y a presque 50 ans… La marque très réputée pour ses gros blocs d’amplification mono, revient sur le devant de la scène avec de nouveaux produits haut de gamme, 1 préampli, 1 streamer, 1 lecteur CD. Egalement 2 amplificateurs intégrés, le ECI80D, tout en un à 2990 €, et le ECI6 MK 2 à 4990 €, objet de cet article.

Au déballage, l’ECI6 mk2 en impose, par sa carrure, mais aussi par son poids respectable de plus de 20 kg. Le design, très identitaire à la marque, reste très “classique”, ce qui plaira à certains et déplaira à d’autres. La qualité de fabrication est là, sans chichis, mais très sérieuse. 4 boutons en façade, 2 pour le volume et 2 pour la sélection des entrées, plus un bouton de mise en marche. Rien à dire de spécial sur la télécommande, très basique, mais qui fait le job. En termes de connectique, 3 entrées RCA et 2 symétriques, 1 sortie Pré-out en RCA et la même en symétrique. Clairement la marque croit à la liaison symétrique et la conception est optimisée pour cela. Dons liaisons XLR à privilégier !

Bon alors, et le son ? Et bien, comme cela arrive de temps en temps (pas si souvent que cela), dès les premières notes, le sourire vient naturellement, le plaisir est là ! On se laisse instantanément attraper par la musique, vivante, sensuelle, présente, au sens physique du terme. Mais il est vrai aussi qu’il faut se méfier parfois de nos premières réactions à chaud… Alors, après plusieurs semaines d’écoute, sur Joy, Nel, Nel Ultime et Nora, voici ce que j’ai retenu des prestations sonores de cet appareil. En précision, la majorité des écoutes ont eu lieu en écoute dématérialisée, lecteur Auralic Aries G1/Atoll DAC300.

Dès les premières écoutes 2 choses viennent immédiatement en tête : la première c’est ce caractère très analogique, chaleureux, fluide, doux, harmonieux de la restitution. ça pourrait bien plaire aux amateurs de tubes…mais j’y reviens juste après. La deuxième chose qui s’impose tout de suite, c’est la scène sonore vraiment large, avec beaucoup de profondeur, mais en même temps vraiment dense, pleine, les instruments prennent leur plein volume. C’est étonnant, on peut écouter quasiment sans pincer les enceintes, pourtant généreusement écartées, et garder toute la densité de la musique sur la largeur de la scène. Pour revenir sur ce caractère qui pourrait faire un peu penser au tube, c’est un trait de caractère qui est souvent associé à la rondeur, voire la mollesse parfois, et également à un son coloré, favorisant le médium… Et bien c’est peut-être ça le plus étonnant, cet Electrocompaniet, bien que nous enveloppant de cette douceur et de cette sensualité vraiment très agréable, est vraiment rapide, très rapide même ! Les impacts sont francs et très bien localisés dans l’espace, la dynamique est retranscrite à l’échelle, sans retenue, mais en même temps en toute décontraction, comme “en vrai”. Sur des morceaux ou la rythmique est essentielle, par exemple “Russ and Jim” de Henri Texier, on est emmené dans le morceau, on sent toute la vie de la musique, le jeu des musiciens, même à bas volume. Une autre chose que l’on remarque c’est la lisibilité naturelle, instinctive, des arrières plans sonores et des ambiances, toutes les micros informations sont là et on perçoit (en fait plutôt on les ressent !) très facilement les ambiances de salle les tout petits bruits de bouche, on pourrait presque donner les dimensions de l’espace ou l’enregistrement a eu lieu. De mon point de vue, il y a également un subtil équilibre entre la définition, la perception des tous les micro-détails, la perception des attaques et des fins de notes, tout en présentant la musique comme un ensemble indissociable. Du détail, beaucoup de détail, mais jamais un son analytique ! Sur des morceaux ou la zone du grave est essentielle, entre autres Hey Now de London Grammar, le temps passé de Michel Jonasz, Xanny de Billie Eilish, et beaucoup d’autres, il montre une exploration exceptionnelle du sous-grave ! Il s’agit bien d’une extension inhabituelle dans cette zone de prix, et non pas d’un relâchement qui pourrait faire illusion parfois ! Ici cette extension se conjugue avec une autorité assumée, avec un contrôle finement calibré, ce qui nous donne un grave intelligible jusque tout en bas, sans résonance parasite, sans graisse superflue, mais en même temps avec une liberté d’expression rare. Ce comportement exceptionnel dans le bas du spectre amène un plus jouissif sur les enregistrement Live, ou l’ambiance est réellement palpable. On pourrait disserter comme ça des pages, mais au final chacun devra se faire son avis suivant ses oreilles, le but ici est de dégager ce qui différencie l’ECI 6 mk2, et de donner envie de l’écouter. Pour terminer et synthétiser sur la restitution sonore, c’est un appareil qui a de très beaux chiffres sur le papier : rapport signa/bruit 124 dB, puissance max 2 x 370 W sous 2 ohm, distorsion 0,004%, impédance de sortie 0,02 Ohm (ça c’est rare), qui fait très bien le boulot sur l’ensemble des critères de dynamique, de timbres, d’équilibre tonal, de largeur et profondeur de la scène sonore, etc…mais qui en plus de tout ça vous emmène avec lui dans la musique. On écoute de la musique, pas de l’électronique… On y crois, on arrête d’essayer de disséquer les performances et on se laisse faire. Sorte d’Ovni sonore, bien que son moteur soit à transistors, il pourrait bien plaire à certains sympathisants du son “tube”. Il pourrait aussi peut-être parfois faire la jonction entre mélomanes et audiophiles…

Pour finir, en termes d’associations, il s’exprimera avec une source vraiment musicale avec une bonne dynamique, des timbres justes et un équilibre tonal parfait, car encore une fois sa douceur ne doit pas faire oublier sa transparence et son fort pouvoir d’analyse ! En ce qui concerne les enceintes, le mariage avec JOY, Nel et Nel ultime est top, il les emmène avec une main de fer dans un gant de velours, tout se passe avec une facilité déconcertante, même à très fort volume, classique jazz, rock, tout passe. Testé avec Nora, on a aussi une très belle association, toujours dans le très bon musicalement,  la puissance est suffisante dans 90 % des cas, et la maitrise du grave reste exceptionnelle. D’un point de vue général, la réserve de puissance, y compris instantanée, est bien suffisante pour la majorité des enceintes et des pièces d’écoute.

En ce qui me concerne c’est un coup de coeur. Si la musique est pour vous synonyme de plaisir, d’émotions, faites un détour pour l’écouter, et vous pourriez bien tomber sous le charme…